Le rôle de la profession dans le renouvellement de l’enseignement de l’architecture et la genèse de la recherche : l’apport des Universités permanentes d’architecture et d’urbanisme (UPAU), 1960-1976
Par Ana bela DE ARAUJO (ENSA Marseille, laboratoire INAMA) et Sibylle LE VOT (Historienne de l’architecture, enseignante, ENSA Paris-La Villette)
Contribution à l’ANR EnsArchi, Axe 3 Enseignement et Recherche
RESUME :
Notre propos porte sur les liens existant entre les Universités permanentes d’architecture et d’urbanisme – connues sous leur acronyme d’UPAU – et les Unités pédagogiques d’architecture sur le plan de l’enseignement et de la recherche. L’article commence par une présentation de ce mouvement des UPAU soutenu par la profession à l’échelle de la région. Rassemblées autour d’objectifs communs de perfectionnement et d’amélioration de la productivité des architectes, les UPAU n’en sont pas moins des structures locales développant chacune ses spécificités. C’est ce que permet de vérifier l’étude plus précise consacrée à deux UPAU, Rhône-Alpes et Provence-Côte d’Azur-Languedoc-Roussillon. La première a essentiellement dirigé ses activités vers la formation des architectes, tandis que la seconde, œuvrant à intellectualiser la profession, a constitué une préfiguration de la recherche architecturale et urbaine initiée à l’Unité pédagogique d’architecture de Marseille.
L’implication des praticiens et de la profession dans le renouvellement de l’enseignement de l’architecture autour de l’année 1968 conduit à interroger l’expérience singulière des Universités permanentes d’architecture et d’urbanisme, souvent mieux connues sous leur acronyme d’UPAU, et à élucider le rôle qu’elles ont pu ou non détenir dans la genèse de la recherche architecturale et urbaine en France. En effet, l’intérêt de ce sujet est suscité par une observation liée à la dénomination même des UPAU. En usant du terme « université » pour se désigner, ces structures n’avaient-elles pas engagé, ou tout au moins souhaité, un rapprochement avec l’enseignement supérieur de type académique et, par extension, avec le monde de la recherche universitaire ? Cette question aurait mérité d’être posée aux quatorze UPAU régionales identifiées sur le territoire français. Mais l’absence de fonds d’archives dédiés, comme le fait que les nouvelles sources identifiées soient très éclatées – à l’image des universités permanentes –, et que cette littérature grise soit principalement conservée dans les archives des acteurs, n’ont pas rendu possible l’élaboration d’un récit historique prenant en compte l’ensemble des UPAU. Ce travail reste encore à faire. L’article, qui débute par une présentation de l’idéologie commune à l’ensemble de ces organismes régionaux, permet néanmoins de lever le voile sur cette entreprise nébuleuse. Seule l’UPAU Provence-Côte d’Azur-Languedoc-Roussillon, avec la figure centrale de Paul Quintrand, a fait l’objet d’une amorce de recherche grâce aux travaux d’Éléonore Marantz, de Jean-Lucien Bonillo et au témoignage de Paul Quintrand lui-même[1]. Certes, le lien entre le renouvellement de l’enseignement et les ateliers d’été de l’UPAU Provence-Côte d’Azur-Languedoc-Roussillon a été démontré[2]. Cependant, une porosité plus large, entre Unité pédagogique d’architecture et Université permanente d’architecture, indépendamment de leur acronyme commun (UPA), a-t-elle existé ? Nous émettons l’hypothèse que l’UPAU Provence-Côte d’Azur-Languedoc-Roussillon a préfiguré la recherche architecturale et urbaine au sein de l’Unité pédagogique d’architecture de Luminy. Mais ce cas est-il représentatif des treize autres structures ? Élargir la recherche au-delà du périmètre méridional en considérant l’Université permanente des architectes de la région Rhône-Alpes, la première d’entre elles, dont l’action était essentiellement focalisée sur la formation permanente, permet de modérer le propos[3]. Ces deux échantillons révèlent la double approche d’une action qui se veut avant tout locale et spécifique.
1. Les UPAU, un mouvement professionnel d’envergure régionale
1.1. Le contexte de création des UPAU ou l’échelle de la région
Le mouvement des UPAU est une initiative régionale anticonformiste, née au début des années 1960, dans le contexte d’une profession en crise. Face à la complexité accrue des conditions d’exercice et à un cœur de métier concurrencé par l’essor d’autres corps comme celui des ingénieurs, les architectes perçoivent la nécessité de reconquérir leur place d’architectes-bâtisseurs capables, dans le cadre du développement technique, scientifique et industriel, et plus spécifiquement de l’industrialisation, de rapprocher architecture et construction. L’idée centrale portée par ces organismes nouveaux vise à constituer un espace de travail et de réflexion ouvert à tous les acteurs qui participent à l’art de bâtir dans le but d’améliorer la productivité des architectes. Le domaine de l’aménagement du territoire pousse aussi la profession à se repositionner à l’échelon régional et à s’imposer comme un acteur à privilégier en matière d’urbanisme au même titre que les paysagistes ou les urbanistes, à un moment où la structuration de ces disciplines par le pouvoir central s’organise, notamment avec l’instauration de la loi d’orientation foncière en 1967[4]. Dès l’origine, la création des UPAU vise donc, au niveau local, à revaloriser et à restructurer la profession d’architecte qui cherche sa légitimation dans un nouveau rôle social. Il s’agit d’embrasser autant l’échelle du bâtiment que celle de l’environnement, du cadre de vie. Les architectes s’emparent alors de dispositifs financiers mis en œuvre par le Commissariat à la productivité au sein de comités régionaux qui encouragent la création d’associations régionales, de regroupements autour de séminaires, dans le but d’optimiser les structures de production. C’est ainsi que naissent, souvent au sein même des Syndicats d’architectes, des entités telles que le Groupe de perfectionnement des architectes (GEPA) à Paris et en Normandie, l’Association professionnelle des architectes pour l’accroissement de la productivité dans le bâtiment (APRA) à Paris et en Rhône-Alpes, ou le Groupe d’études pour la productivité des architectes (GEPRA) en Provence-Côte d’Azur. Les UPAU doivent, dès lors, être comprises comme une émanation de ces associations ou groupes au sein desquels la profession repense ses compétences et ses formes d’exercice. Sous l’égide de l’APRA, l’UPA Rhône-Alpes est sans conteste le berceau des UPAU, suivie par l’UPAU Normandie et par l’UPAU Provence-Côte d’Azur-Languedoc-Roussillon dès 1964. Cette parenté entre universités permanentes et syndicats est confirmée par le président de la Fédération des syndicats départementaux d’architectes, Michel Dameron, dans un écrit retraçant brièvement le contexte de la création des UPAU[5]. Selon lui, ce mouvement trouve son origine dans la tenue d’un séminaire les 8 et 9 décembre 1963 à Poigny-la-Forêt, lors duquel une résolution votée par le bureau de l’association provinciale aspire à offrir aux architectes un complément de formation indispensable pour affronter les évolutions sociales, techniques et méthodologiques à venir. Cette résolution conduit, quelques mois plus tard, à la naissance des universités permanentes lors du Congrès de Royat en juin 1964. Dès lors, Michel Dameron insiste amplement sur l’alliance entre recherche et action revendiquée par les UPAU, puisqu’elles se définissent à l’époque comme « un organisme de recherche, émanant d’un organisme d’action »[6]. Bien que les universités permanentes aient rapidement cherché à gagner en autonomie et à se détacher des syndicats, leur proximité initiale a donné lieu à la rédaction d’un protocole de liaison dans lequel les UPAU s’engagent en particulier auprès du corps syndical : « à faire de la recherche concernant l’architecture et l’urbanisme, à apporter le fruit de ces travaux pour les aider dans leur action et pour en permettre, si besoin est, la diffusion [et] à participer efficacement à toutes les commissions de recherche ou d’études créées par les syndicats »[7]. En retour, les représentants de la profession promettent notamment aux universités permanentes de « faire connaître dans tous les syndicats l’importance des études qui sont entreprises dans le cadre des activités des UPAU, à inciter les architectes (de générations différentes) à participer efficacement et avec enthousiasme aux groupes de recherche des UPAU régionales » et « à faire en sorte que les thèmes des congrès utilisent chaque année au maximum les résultats des recherches faites par les UPAU »[8].
1.2. Les UPAU : chiffres, statuts et structuration
Le recensement des UPAU fondées sur le territoire français demeure difficile à établir de manière définitive, car leur nombre diffère d’année en année. Et seules les antennes Rhône-Alpes, Normandie, Provence, Nord-Picardie, Lorraine, Paris, Pays de l’Ouest, Aquitaine et l’UP de Géonomie ont déposé leurs statuts en préfecture pour être reconnues association loi 1901. Un pic d’activités entre 1966 et 1967 est à relever, puisque ces deux années ont tenu un rôle fondamental dans le développement du mouvement et dans son expansion à une quinzaine de régions. En 1970, l’inventaire des UPAU existantes détaillé dans le Bulletin du Comité de liaison et de coordination des UPAU s’élève alors à onze antennes régionales[9], avant d’atteindre quelques années plus tard, en 1973, le nombre de quatorze[10]. Leurs appellations changeantes peuvent cependant fausser la donne, d’autant plus que se mêlent parfois à ce décompte des structures associatives, notamment parisiennes, dont la vocation est analogue à celle des UPAU, mais qui n’en sont pas, à l’image du GEPA, du Groupe d’études et de recherche industrie-architecture (GERIA) et du Centre de recherche d’architecture, d’urbanisme et de construction (RAUC). Il est, par exemple, difficile d’établir avec certitude, en l’état des connaissances, si l’Université permanente de Géonomie et l’Université permanente d’architecture et d’urbanisme de Midi-Pyrénées, toutes deux établies à Toulouse, correspondent à une seule et même entité. En Rhône-Alpes, en revanche, bien que nous ayons un temps pensé le contraire, l’Université permanente des architectes Rhône-Alpes et l’Université permanente des bâtisseurs de la région Rhône-Alpes sont deux structures distinctes qui agissent de concert. À l’examen plus attentif des quatorze antennes régionales et de leur ancrage local, deux caractéristiques significatives sont apparentes. En premier lieu, l’existence d’une concordance géographique entre l’implantation des UPAU et le découpage géographique des régions actuelles (depuis 2015) est apparente. Toutefois, si l’on se réfère au découpage antérieur (1970-2015), six régions ne sont pas représentées : la Bourgogne, la Basse-Normandie, la Champagne-Ardenne, la Corse, le Limousin et le Poitou-Charentes. Dans les deux cas de figure, que l’on s’appuie sur le découpage actuel ou antérieur des régions, l’éclipse des territoires ultra-marins est manifeste : la Guyane, La Réunion, les Antilles sont absentes. En second lieu, une concordance initiale entre la localisation des premières UPAU et celle des UP se dégage[11]. Cette concordance tend toutefois à s’estomper dans le temps, car parmi les dernières structures créées figurent celles installées à Angers, Orléans et Besançon, des villes qui ne comptent pas d’école d’architecture. Chacune des universités permanentes, marquées par les régions dans lesquelles elles sont nées et par la personnalité des acteurs impliqués localement, a mené diverses actions et poursuivi des études autour de cinq centres d’intérêt principaux : la formation permanente, la recherche architecturale, l’analyse de l’environnement, l’information du public et l’éducation à l’espace pour les enfants. Au début de l’année 1966, alors que le mouvement prend de l’ampleur, la nécessité d’une structuration s’impose. À Chamrousse, les 13, 14 et 15 janvier 1966 sont validés une Charte des UPAU, ainsi que des statuts communs, en prenant appui sur les deux plus actives, celle de Rhône-Alpes, qui d’après Paul Quintrand est un modèle, et celle de Provence-Côte d’Azur qu’il préside alors. Trois objectifs sont définis, d’abord celui de « grouper dans la région les membres des différentes professions dont les activités ont trait aux problèmes d’urbanisme et d’aménagement, d’architecture et de construction », ensuite « d’animer la recherche prospective d’une organisation harmonieuse des Établissements humains permettant la promotion évolutive des structures professionnelles concernées », et enfin « de promouvoir et d’actualiser l’information, la formation permanente et la culture de ses adhérents en menant toutes les actions qui découlent de ce but et de susciter des méthodes permettant d’améliorer la productivité »[12]. Les moyens d’action ne sont pas limitatifs et se concentrent sur l’organisation de conférences, de cours d’enseignement, d’études, de rencontres, de réunions de travail, de séminaires, mais aussi d’expositions itinérantes, de voyages d’information, de missions d’études et de publications[13]. Afin de coordonner l’activité foisonnante des différentes antennes régionales est également créé à Chamrousse un secrétariat de liaison, qui se transforme, dès le mois d’avril, en Comité de liaison et de coordination des UPAU (CLUPAU), dont la vocation est d’être un lieu d’échanges, d’information et de confrontation d’expériences indépendant de toute structure professionnelle. Il faut effectivement « coordonner à l’échelon national les activités des différentes universités permanentes régionales d’architecture et d’urbanisme et assurer la liaison avec les organismes professionnels »[14], notamment les Syndicats d’architectes. Malgré l’existence de ce nouvel organe fédérateur, les activités des UPAU déclinent ou se transforment après 1968, en raison notamment d’une forme d’instabilité due au renouvellement fréquent des membres actifs à l’intérieur des universités permanentes et de l’implication de certains d’entre eux dans l’enseignement de l’architecture au sein des UP, dans des structures professionnelles, voire dans la sphère politique[15]. Le CLUPAU perdure néanmoins jusqu’en 1976, mais plutôt sous la forme d’un club au simple rôle de liaison. En définitive, les UPAU finissent par se déliter, la partie des activités concernant la formation permanente des architectes étant reprise par les GEPA, puis par l’Ordre des architectes en mai 1976. Paul Quintrand note ce paradoxe : « au moment où la formation permanente est annoncée comme une obligation dans la réforme de la profession les UPAU disparaissent, alors que leur motivation première était d’organiser cette formation »[16]. Mais précisément, la plupart des UPAU ont dépassé cette mission première de formation en s’investissant dans des actions multiples tentant de toucher autant à la recherche architecturale, qu’à la pédagogie et aux modes d’exercice. Parmi les quatorze UPAU, celles de Rhône-Alpes et de Provence-Côte d’Azur semblent être les plus dynamiques. Exposer les modalités d’action et les spécificités de l’une, puis de l’autre, permet d’évaluer leur attache plus ou moins forte avec l’enseignement et la recherche architecturale au sein des unités pédagogiques.

Fig.1.Liste des 14 universités permanentes d’architecture et d’urbanisme régionales, juin 1973, AD 83, fonds Liotard, 25J41, dossier « CLUPAU : convocations, programmes, rapport financier, documentation et correspondance ».
2. L’approche de l’UPAU Rhône-Alpes : l’enracinement pluridisciplinaire et la formation permanente
2.1. Une structure bicéphale en quête de pluridisciplinarité : de l’UPA Rhône-Alpes au CREPAUC
La création en Rhône-Alpes de la première université permanente, encouragée et aidée par l’implication d’Eugène Claudius-Petit et Jean Prouvé, intervient à l’automne 1960[17] et doit beaucoup à l’entregent d’un jeune architecte grenoblois, Maurice Blanc qui prit l’initiative d’entrer en relation avec la section locale de l’APRA[18]. L’Université permanente des architectes de la région Rhône-Alpes (UPA Rhône-Alpes), dont Blanc conserva la direction durant les premières années, semble avoir gardé assez longtemps un caractère informel agissant principalement comme un organisme de rencontres et de discussions étendu aux huit départements que comprenait la région : l’Ain, les Hautes-Alpes, la Drôme, l’Isère, la Loire, le Rhône, la Savoie et la Haute-Savoie. Aidée financièrement par le Commissariat à la productivité par l’intermédiaire de l’APRA[19], l’UPA Rhône-Alpes est à l’origine animée par le versant grenoblois de l’association composé d’architectes bénévoles, avant que celui-ci ne cède la place au versant lyonnais en 1966. Il faut attendre le 5 juin 1964 pour que soient déposés les statuts de l’association en préfecture dans lesquels sont annoncées très succinctement ses trois missions initiales : « organisation d’activités de formation, recherches et perfectionnement pour les architectes »[20]. En 1966, ses modalités d’action sont réorientées pour faire davantage dialoguer architecture et construction : « préciser la mission de l’architecte en regard du développement de l’industrie du bâtiment et actualiser sa formation permanente en menant toutes les actions de sa doctrine, examiner les conditions actuelles de travail dans les bureaux d’architectes et susciter des méthodes permettant d’améliorer la productivité »[21]. Si l’on s’arrête un instant sur l’appellation choisie par l’Université permanente des architectes Rhône-Alpes, il est intéressant de noter que contrairement à la plupart des autres antennes régionales, en particulier l’UPAU Provence-Côte d’Azur, le mot urbanisme est absent du nom de l’association. Cela tend à démontrer que ce sujet n’est pas encore au cœur de ses préoccupations, alors que le terme d’architectes au pluriel est, lui, préféré à celui d’architecture. On peut voir dans ce dernier choix une survivance des liens noués entre les universités permanentes et le corps syndical, mais cela témoigne surtout d’une volonté de mettre l’accent sur les hommes plutôt que sur la discipline. Le rôle central accordé à la coopération entre les hommes est d’ailleurs confirmé par l’emploi du mot université en amont du titre, puisque si l’on se reporte à l’étymologie latine « universitas », il signifie « ensemble », et pas simplement « collège, corporation »[22]. De facto, l’UPA Rhône-Alpes s’attelle à construire et à fédérer un corps de bâtisseurs[23], comprenant autant les architectes (une centaine sur les 600 que compte la région) que les autres responsables du cadre de vie : « maîtres de l’ouvrage, administrations, entrepreneurs, industriels, ingénieurs, plasticiens, sociologues, économistes »[24]. L’essence même de l’UPA Rhône-Alpes repose donc sur l’optimisation des modes d’exercice au moyen de la pluridisciplinarité. Le président du CLUPAU, Jacques Dupaigne considère à l’époque que « les progrès les plus importants que l’on doit attendre dans la construction viendront d’une démarche systématique et coordonnée de l’ensemble des professions concourant à l’acte de bâtir et non pas d’une amélioration de l’exercice de chacune d’entre elles, prise isolément. […] En effet, c’est au niveau de la région que sont perçus le mieux les besoins, que s’organise l’action, que se crée le milieu dans lequel fermente la recherche pluridisciplinaire, progresse la connaissance des professionnels et du public, et sans lesquels il ne sera pas d’architecture adaptée aux besoins des hommes »[25]. Cette préoccupation pluridisciplinaire trouve un prolongement avec la création le 27 novembre 1964 de l’Université permanente des bâtisseurs de la région Rhône-Alpes. Cette seconde entité, qui peut être comprise comme une filiale de l’UPA Rhône-Alpes dont elle vise à poursuivre l’action, a pour objectif « de promouvoir toute action de formation permanente et de culture de ses membres. Elle s’adresse individuellement et à titre personnel, à tous ceux dont l’activité a trait aux problèmes : d’aménagement, d’urbanisme, d’architecture, de construction. »[26] En 1965, le bureau de cette nouvelle association, aussi désigné sous l’appellation de conseil de fondation, est composé de manière paritaire, afin que ses membres dirigeants soient issus de professions et de territoires différents[27]. Il s’agit par ce biais d’obtenir une représentativité et une pluralité des points de vue, qui illustre dans les faits la manière dont la pluridisciplinarité est mise en œuvre.

Fig.2. Photographie extraite d’un book intitulé Architecte conseil et université permanente émanant du Groupe d’études permanent administration université permanente (GEPAUP) de l’Isère, n.d., Centre d’archives d’architecture contemporaine, fonds DAU, 133 IFA 1028/2
2.2. Une action tournée vers la formation permanente : animer la profession et se perfectionner par la connaissance
L’UPA Rhône-Alpes maintient une grande activité de réflexion et de stimulation du milieu architectural depuis sa création en 1960 jusqu’à la date de sa transformation en 1968[28]. En prenant comme champ d’application le département de l’Isère, l’antenne rhône-alpine propose, par exemple, à l’administration de se doter d’une doctrine et d’outils ad hoc pour optimiser la fonction d’architecte-conseil[29]. L’approche adoptée répond à deux leitmotive : animer la profession et aider les hommes du métier à se perfectionner par la connaissance. L’association choisit ainsi d’orienter ses actions autour de quatre thématiques principales : Humanisme, Plastique, Technique et Relations humaines. À raison d’une vingtaine de séances de travail par an, de nombreuses activités sont donc organisées selon des modalités d’action aux formes variées. À l’échelle régionale sont mis en œuvre cinq types d’activité. Des colloques interprofessionnels, se déroulant sur une journée dans une ville chaque fois différente, incitent les croisements pluridisciplinaires autour d’une thématique commune. L’unité du corps des bâtisseurs (1963), la collaboration des architectes et des artistes (1965), l’industrialisation (1966) sont quelques-uns des sujets abordés lors de ces rencontres auxquelles participent des personnalités aussi éminentes que François Bloch-Lainé, Eugène Claudius-Petit, Jean Fayeton, Marcel Lods, Pier-Luigi Nervi, Jean Prouvé ou Max Querrien. Des voyages d’études annuels sont organisés à Copenhague, Firminy, Londres, Milan, Rome et Stockholm, pour que les professionnels se tiennent informés de l’actualité architecturale la plus récente. Des conférences sont également proposées aux membres de l’association pour renouveler leurs savoirs techniques en écoutant Pierre Székély parler de l’intégration des arts (1961), René Sarger des voiles prétendues (1962) ou Serge Ketoff et Stéphane du Château des charpentes tridimensionnelles (1963). Enfin, des séminaires de discussion et de formation de deux ou trois jours réunissant 20 à 30 participants contribuent au perfectionnement par la connaissance, tandis que des commissions interprofessionnelles, au sein desquelles les architectes discutent des conclusions des colloques avec d’autres professions, sont mises en place. Ces commissions, au nombre de quatre, visent en particulier à faciliter la circulation des idées entre les binômes : magistrats-architectes, ingénieurs-architectes, maîtres d’ouvrage-architectes et entrepreneurs-architectes. À l’échelle locale et communale (Lyon, Grenoble, Chambéry) ont aussi été créés des groupes de travail réunis autour d’une quinzaine de participants. Le 30 avril 1966, Eugène Claudius-Petit accueille, par exemple, l’UPA Rhône-Alpes et ses membres lors d’une réunion à Firminy consacrée à l’établissement d’un dialogue entre les architectes-bâtisseurs et les élus des collectivités locales, mais aussi à la constitution d’équipes locales réfléchissant à un colloque « bâtisseurs-élus »[30]. Ces groupes de travail sont eux-mêmes au nombre de trois : le premier, Groupe d’études permanent « Administration-Université permanente » est consacré aux problèmes en matière d’aménagement régional, d’urbanisme ou de construction, le deuxième Groupe « Outils » est réservé au perfectionnement des méthodes de travail, et le troisième Groupe « Recherche » est quant à lui assez diversifié dans ses modes d’actions[31]. Il est difficile d’évaluer le contenu scientifique des réflexions menées dans ces cadres très hétéroclites, car il existe peu de trace de résultats publiés. Loin de ressembler à une recherche académique, les travaux de l’UPA Rhône-Alpes semblent avoir plutôt eu un caractère éphémère : interventions orales ou graphiques, séances de discussion. L’action de prédilection de l’association, jugée absolument essentielle, reste toutefois la formation permanente à destination des professionnels. Cet intérêt pour le sujet de la formation, sans qu’aucun lien avéré n’ait été mis en évidence avec les UP de la région, se confirme aussi dans les changements structurels que connaît l’association dans la seconde moitié des années 1960. Profitant sans doute du transfert de leur siège social de Grenoble vers Lyon, les deux universités permanentes rhône-alpines fusionnent en un seul et même organisme pour devenir l’UPAU Rhône-Alpes le 24 janvier 1967. Une réorientation radicale intervient alors avec l’ambition de focaliser l’action de la structure sur un but ultime : « promouvoir la formation permanente dans l’architecture, l’urbanisme, l’aménagement et la construction »[32]. Un an plus tard, ce recentrage s’accompagne d’un dernier changement. En effet, dans une ville sans doute plus traditionnaliste que Grenoble, plusieurs recteurs de l’université de Lyon se sont émus de l’usage du terme université dans la dénomination de l’association[33]. L’UPAU Rhône-Alpes est donc transformée une dernière fois, à l’initiative de l’ingénieur Charles Cavallini et de l’architecte Denys Pradelle, en Centre régional d’éducation permanente en architecture, urbanisme et construction (CREPAUC) le 10 octobre 1968[34]. Ce centre de formation et de perfectionnement professionnel existe toujours à l’heure actuelle et est subventionné à 50 % par l’Éducation nationale. Parmi les actions conduites par le CREPAUC peuvent être citées l’organisation de stages de courte durée centrés, par exemple, sur la formation à la conduite des opérations de bâtiments[35], sur la responsabilité et l’assurance dans le domaine de la construction ou sur un cas concret d’aménagement à Chambéry et dans la vallée des Allues en Tarentaise[36], mais aussi la supervision de stages de longue durée visant à la reconversion aux métiers de coffreurs du bâtiment des boiseurs de mines[37] sans-emplois suite à la fermeture des bassins houillers de la Loire et du Dauphiné. En définitive, en devenant le CREPAUC, l’UPAU Rhône-Alpes assure la pérennité de son action en se recentrant sur son action de formation.

Fig.3. Photographies du stage d’aménagement organisé par le CREPAUC à Chambéry et dans la vallée des Allues, 14-22 avril 1969, AN, 20010135/71, dossier « Université permanente d’architecture et d’urbanisme »
3. L’UPAU Provence-Côte d’Azur : rénover la profession et renouveler la discipline
3.1. Du GEPRA à l’UPAU : perfectionner, intellectualiser et rationaliser la profession ou la marque de fabrique de Paul Quintrand
L’UPAU Provence-Côte d’Azur semble occuper une place singulière, outre le fait qu’elle figure parmi les plus actives de l’Hexagone. En effet, dès 1964, loin des instances académiques et portée par le corps des architectes lui-même, l’UPAU Provence-Côte d’Azur contribue au renouvellement pédagogique et constitue un embryon d’activité de recherche, deux volets qui se déploient au sein de l’Unité pédagogique d’architecture de Marseille, école pilote de Luminy, dès la rentrée universitaire de 1967. Le versant méridional des UPAU est une émanation du Groupe d’études pour la productivité des architectes (GEPRA) de la région Provence-Côte d’Azur créée en 1961 au sein du Syndicat des architectes des Bouches-du-Rhône. Ce groupe, subventionné par des financements fléchés émanant du Commissariat à la productivité, comme l’APRA en Rhône-Alpes, permettait « d’encourager l’organisation de séminaires et la formation d’associations régionales dans le but d’améliorer la productivité des cabinets d’architectes »[38]. L’arrivée en force, à partir de 1963, d’une jeune génération d’architectes au sein du Syndicat donne un coup d’accélérateur à l’expansion de ce groupe. Une mobilisation collective de ces architectes se dessine avec la volonté d’une revalorisation de la profession. Leur ambition est alors d’« être à la page » face aux problèmes nouveaux qui se posent aux architectes et de « travailler en commun dans un but de perfectionnement et de recherche »[39]. La liste des premières commissions montre leur penchant pour les questions liées à la productivité des agences et à l’optimisation de l’organisation en vue de gagner du temps pour se consacrer à des tâches plus nobles. L’intitulé des sept groupes est à ce titre éloquent : organisation des agences, organisation des chantiers, planning de chantier, devis descriptif, cahier des charges, relations extérieures, université permanente, commission de l’avenir, recyclage. En 1964, ces jeunes architectes (à l’initiative de Gilbert Bonnardel, Max Graveleau, André Liotard et Paul Quintrand) engagent une structuration de ce GEPRA, en lui adossant une entité nouvelle, l’UPAU Provence-Côte d’Azur. Les statuts déposés en préfecture le 10 février 1965 établissent les quatre centres d’intérêts de l’association : la « permanence des études et [le] perfectionnement des architectes de la région Provence-Côte d’Azur », la « promotion évolutive de l’architecture et de l’urbanisme dans le cadre de l’ensemble des activités de la région », la « recherche pour la productivité des cabinets d’architecte » et la « valorisation de la profession d’architecte »[40]. Ce n’est qu’en 1967 que l’association prend son autonomie : elle s’intitule désormais uniquement UPAU, laissant de côté le sigle GEPRA, et s’étend à la région Provence-Côte d’Azur-Languedoc-Roussillon. Le GEPRA ambitionne de se transformer en UPAU sous la houlette de Max Graveleau, le président du Syndicat, mais surtout à la demande de Paul Quintrand. Installé à Aix-en-Provence depuis 1961, ce jeune architecte d’une trentaine d’années milite pour repenser le métier[41]. Son objectif est alors de transformer la profession par le biais d’une double ouverture vers les réalités socio-professionnelles et vers la communauté scientifique. Son ambition est de sortir l’architecture de son enlisement académique et de son isolement par rapport aux autres professionnels de l’environnement. L’UPAU est alors l’outil idoine pour faire avancer son combat qui consiste à mener les architectes sur le chemin de l’intellectualité, de la raison et de l’échange interdisciplinaire. En devenant président de l’UPAU Provence-Côte d’Azur en 1964 et son principal animateur, Quintrand imprime sa marque de fabrique sur les thématiques que prend en charge l’association. La première s’attache aux questions de méthodes pour améliorer la productivité des architectes, l’UPAU se spécialisant, en effet, dans les outils du projet, qu’il s’agisse des méthodes d’analyses scientifiques ou de l’outil informatique. La seconde thématique est l’ouverture pluridisciplinaire. Quintrand est convaincu que l’évolution de la pratique professionnelle impose un élargissement des connaissances et des compétences de l’architecte. Elle implique de dépasser l’échelle de l’édifice et suppose que l’architecture se positionne comme une discipline parmi d’autres pour appréhender la notion de cadre de vie et contribuer aux sciences architecturales de l’environnement : la ville, l’urbain, l’urbanisme. Quintrand, fasciné par les questions de méthode, a certainement joué un rôle non négligeable dans la structuration de l’UPAU Provence-Côte d’Azur autour de ramifications nombreuses et distinctives qui ont été érigées en modèles par d’autres universités permanentes comme celle du Val-de-Loire et de Normandie.

Fig.4. Schéma de fonctionnement du GEPRA, AD 83, fonds Liotard, 25J44, dossier « Gepra : bureau, organisation »
3.2. Les différentes ramifications de l’UPAU Provence-Côte d’Azur
Chacune des UPAU fonctionne selon une structuration spécifique avec des commissions ou sous-groupes réunis autour de thématiques, de catégories de recherches ou de travaux, qui leur sont propres et fluctuent en termes d’intitulés comme l’examen de l’UPAU Rhône-Alpes et de l’UPAU Provence-Côte d’Azur le démontre. Cette dernière démarre son activité dans le climat d’effervescence de l’année 1965 avec sept commissions : Programme, Descriptif, Automaticités, Avenir, Industrialisation, Chantiers et Cahiers des charges. Afin d’animer les débats, elle se dote d’un conseil universitaire et organise des rencontres et séminaires dans diverses villes des deux régions couvertes par son activité et, plus régulièrement, dans un lieu de rencontres intellectuelles conçu sur le modèle du Centre culturel international de Cerisy-la-Salle, à savoir l’ancien couvent royal de Saint-Maximin dans le Var rebaptisé Collège d’échanges contemporains. La revue Prado[42] créée simultanément en 1965 par le groupe de jeunes architectes ayant pris la tête du Syndicat des Bouches-du-Rhône, participe d’un mouvement de revalorisation de la profession. Cet opuscule, conçu comme un instrument de communication par l’organisation syndicale, n’en est pas moins une tribune, vecteur de visibilité des actions de l’UPAU Provence-Côte d’Azur. Les programmes des nombreux séminaires de formation, autant que les réflexions qui y sont menées, sont exposés au fil des livraisons. La revue se fait aussi le relais de l’arborescence spécifique de l’UPAU méridionale avec le déploiement de trois ramifications. La première de ces branches correspond aux ateliers d’été créés par Paul Quintrand qui se tiennent à Aix-en-Provence en 1965, 1966 et 1967. Principalement fréquentés par les étudiants parisiens du Groupe C, ces rencontres répondent à une volonté de collaboration pluridisciplinaire en mobilisant autant les sciences humaines avec l’historien Georges Duby et le sociologue Georges Granai, que la dimension technique avec Robert Le Ricolais, David Georges Emmerich et Stéphane du Château comme invités. Les travaux d’Éléonore Marantz ont démontré que les ateliers d’été avaient participé à l’élaboration de nouvelles méthodes d’enseignement de l’architecture fondées sur cette pluridisciplinarité, qui ont été mobilisées à l’École régionale d’architecture de Marseille dès la rentrée 1967, notamment sous l’impulsion de Quintrand[43]. Les deux autres branches, moins connues parce qu’elles se confondent avec l’UPAU, sont l’Institut méditerranéen d’urbanisme (IMU) et le Groupement des ateliers méditerranéens d’urbanisme (GAMU), créées elles aussi en 1965. L’université permanente s’enrichit en effet d’une section urbanisme, en créant un centre permanent d’études en la matière. L’IMU, sorte de formation pluridisciplinaire pour les professionnels, mais aussi pour les étudiants, est alors envisagé comme un complément de l’enseignement reçu à l’école d’architecture. Son rôle est d’assurer l’autoformation permanente de tous les professionnels de l’urbanisme à travers des conférences de spécialistes (des professions scientifiques, humanistes, juridiques, artistiques, techniques), suivies de groupes d’analyses et d’ateliers de synthèse. L’ensemble fonctionne sous la présidence de Roger Dabat, jeune architecte à la tête du Syndicat depuis 1965, avec une direction des études confiée à un grand patron d’atelier de l’École régionale d’architecture de Marseille, André-Jacques Dunoyer de Segonzac, pédagogue reconnu, qui prône depuis 1963 un renouveau de l’enseignement fondé sur la pluridisciplinarité. La formation permanente fonctionne par cycles de séminaires déployés sur une durée d’un semestre, avec une session tous les quatrièmes vendredis et samedis du mois[44]. Deux points caractérisent l’IMU. Le premier est l’approche à caractère régional de l’urbanisme qui place la réflexion autour du potentiel économique, industriel, touristique et climatique du territoire méditerranéen. Le second est son ouverture aux autres champs disciplinaires qui fait autant appel aux praticiens de toutes les disciplines (psychiatres, ingénieurs, paysagistes, urbanistes), qu’aux universitaires locaux (économie, géographie, sociologie). La figure la plus significative des chercheurs invités est sans doute celle du sociologue Georges Granai, professeur à l’université d’Aix-en-Provence, la présence d’une autre personnalité emblématique étant celle de Georges Meyer-Heine, urbaniste et inspecteur général de la Construction pour le ministère de l’Équipement pour les Bouches-du-Rhône. Ces deux figures, Granai et Meyer-Heine, sont précisément celles qui ont fondé l’Institut d’aménagement régional d’Aix-Marseille en 1969[45]. D’ailleurs, la relation de l’IMU avec l’Institut d’urbanisme de l’université de Paris et le Séminaire et atelier Tony Garnier interpelait déjà les membres de l’IMU qui s’interrogeaient plus globalement sur leur place dans la structuration de l’enseignement de l’urbanisme comme discipline[46]. Il n’en demeure pas moins que l’Institut méditerranéen d’urbanisme préfigure, sans conteste, un enseignement porté par Dunoyer de Segonzac à l’Unité pédagogique d’architecture de Luminy (UPAM) dont l’intitulé est « Découverte des groupements humains » (DGH). Celui-ci incite les étudiants à explorer des territoires réels à l’occasion d’un enseignement pluridisciplinaire associant architecture, sciences humaines et expression plastique[47]. L’IMU[48], organisme de réflexion et de formation sur le plan intellectuel, incarne aussi pour Quintrand et Dunoyer de Segonzac, cette « faculté d’environnement » que tous deux appellent de leurs vœux durant les premières années de l’UPAM. Quintrand suggérait d’ailleurs que « les écoles nationales d’architecture devraient être ressenties comme de véritables facultés d’environnement[49] ». Il utilise, là, sciemment le terme de faculté, car il considère l’architecte comme un spécialiste de l’environnement parmi d’autres, qui doit être le produit d’un enseignement supérieur pluridisciplinaire véritablement lié à la recherche. En lien étroit avec l’IMU est aussi créé le Groupement des ateliers méditerranéens d’urbanisme (GAMU), qui correspond à la troisième ramification de l’UPAU Provence-Côte d’Azur. Pour adhérer au GAMU, les membres devaient obligatoirement avoir suivi les cessions d’études de l’IMU. Les architectes ainsi « recyclés » pouvaient alors se structurer en groupes régionaux et constituer un outil puissant en termes de missions et d’études d’urbanisme. Pensé comme un groupement d’intérêt économique, le GAMU est une coopérative d’ateliers d’urbanisme mise en place afin de disposer d’un organe d’action régional majeur à l’occasion de l’aménagement du territoire diligenté par les pouvoirs publics. Dans le cadre du tournant de la maîtrise publique de l’aménagement du Ve Plan (1966-1970) et de la création des métropoles d’équilibre, le GAMU se positionne en maillon indispensable aux côtés des structures administratives mises en place par l’État, comme l’Organisation pour les études d’aménagement de l’aire métropolitaine marseillaise (OREAM), et entend ainsi jouer un rôle fondamental dans l’urbanisme régional. Le GAMU regroupe 20 ateliers sur la région, représentant 148 membres. En parallèle, les UPAU Rhône Alpes et Normandie ont constitué leur propre groupement d’ateliers d’urbanisme avec respectivement 13 ateliers correspondant à 117 membres pour le Groupement des ateliers rhodaniens d’urbanisme (GARU) et 8 ateliers représentant 50 membres pour le Groupement des ateliers normands d’urbanisme (GANU). La production en 1966 par le GARU et le GAMU du film « Grand Delta région totale » est significative de cette tentative de production collective. Ce film, porté par l’association Grand Delta qui milite pour la réalisation d’une grande unité régionale autour du Rhône, voulait présenter la région Rhône-Alpes, Méditerranée comme une zone d’équilibre à l’échelle européenne. Elle fait écho à la tentative avortée de réunir les Unités pédagogiques d’architecture de Grenoble, Lyon, Montpellier et Marseille autour de l’appellation commune : les « Écoles d’architecture du Grand Delta ». Militant pour la reconnaissance d’une spécificité régionale, le GAMU s’investit aussi en 1967 dans une étude proposée par l’OREAM sur un essai de définition du « caractère méditerranéen » appliqué à l’urbanisme, en vue d’orienter la consommation de l’espace dans l’aire métropolitaine jusqu’à l’an 2000. Cette étude critique sur le caractère méditerranéen de l’habitat de Provence menée autour de Roger Dabat et Paul Quintrand est remise en 1969. Rédigée avec l’appui de neuf autres chercheurs, dont Roger Livet professeur de géographie à l’université d’Aix-en-Provence, des thermiciens et des ingénieurs, elle correspond à un travail favorisant l’expérimentation en vue de la maîtrise des phénomènes physiques dans le milieu naturel et du comportement humain à leur égard.

Fig.5. France Sud-Est : une grande région, une chance neuve pour la France, document édité par le GAMU-GARU pour promouvoir l’unité régionale autour du Rhône, 1966, AN, 19830694/5, dossier « UPA Méditerranée »
3.3. L’UPAU Provence-Côte d’Azur-Languedoc-Roussillon ou l’antichambre de la recherche architecturale et urbaine ?
Cette recherche sur le caractère méditerranéen de l’habitat provençal n’est pas isolée. Sur la question de la productivité et des méthodes, Quintrand entame, par exemple, des recherches sur les documents normalisés pour les agences, en particulier sur le descriptif. Ces travaux développés par Éric Guerrier, dès 1966, dans l’étude consacrée à Une méthode systématique d’analyse et de description des ouvrages, ont plusieurs fois été approfondis dans le cadre d’autres contrats, comme par exemple celui qui lie l’UPAU au ministère de l’Équipement intitulé : Expérimentation des méthodes d’évaluation méthode ARC de conception et de description[50]. L’association tente aussi des partenariats avec le Centre d’études techniques de l’équipement (CETE) d’Aix-en-Provence et avec le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB). En effet, l’UPAU Provence-Côte d’Azur-Languedoc-Roussillon se perçoit comme un organisme de recherche au sein duquel les travaux de 19 ateliers d’architecture et d’urbanisme, du laboratoire de sociologie de la faculté des Lettres et Sciences humaines d’Aix-en-Provence et de chercheurs de toutes les disciplines impliquées dans l’art d’aménager et de bâtir sont confrontés et discutés. En 1970, Dabat précise que « le résultat positif de toute l’action de l’UPAU, c’est que le goût de la recherche [nous] a été donné, ou redonné[51] ». Il ira plus loin en 1973, présentant l’UPAU comme « des groupes de recherche pluridisciplinaires[52] ». Si l’UPAU se pense en interne comme un organisme de recherche, elle se présente aussi comme telle à l’extérieur du cercle associatif. À titre d’illustration, elle propose à la Délégation générale à la recherche scientifique et technique (DGRST) d’entreprendre une série de recherches entre juillet 1967 et juillet 1968 dans le cadre de l’action concertée « Urbanisation » du Ve Plan. En s’appuyant sur des travaux qu’elle dit avoir déjà engagés, l’association soumet quatre projets de recherche autour de deux des thèmes proposés « Analyse du site et du milieu urbain » (Thème I) et « Conception de l’habitat » (Thème IV)[53]. Par ailleurs, Paul Quintrand ayant aussi créé, avec Gérard Poux, le Centre informatique et automatique des bâtisseurs (CIAB) consacré aux automaticités, c’est-à-dire à la normalisation de production de documents, qui aboutissent aux premières applications informatiques en agence, la DGRST lui commande un état de l’art international sur l’utilisation de l’informatique dans le domaine de l’architecture et du bâtiment. À la même période, après s’être engagés dès 1961 dans la valorisation de la profession au sein du syndicat des architectes, puis à partir de 1965 dans la création des nombreux outils que sont l’UPAU, l’IMU et le GAMU, les jeunes architectes Paul Quintrand et Roger Dabat obtiennent un poste d’enseignant à l’Unité pédagogique d’architecture de Luminy, en 1967 pour le premier et en 1968 pour le second. Certains membres actifs des UPAU sont également appelés à y enseigner de manière passagère ou prolongée comme Maurice Sauzet, Guy Daher ou Éric Guerrier. Dès lors, le mode opératoire de l’UPAU méridionale fondé sur la pluridisciplinarité est convoqué pour reformuler les programmes pédagogiques. Les laboratoires universitaires impliqués dans les travaux de l’UPAU sont également sollicités dans le cadre de la pédagogie pluridisciplinaire développée à l’UPAM avec l’implication des sociologues Roger Benoliel, Danielle Bleitrach et, plus tard, Claude Prelorenzo, formés dans le laboratoire de Georges Granai, et des géographes René Perrin et Lucien Tirone issus du laboratoire de Roger Livet[54]. À l’ouverture de l’UPAM à Luminy en 1967, l’UPAU a déjà structuré ses thématiques de recherches autour de deux pôles : d’une part l’aménagement du territoire régional et ses enjeux et d’autre part les automaticités consacrées aux méthodes et à la rationalisation de la conception architecturale. Les études entreprises par l’UPAU sont relayées au sein de la nouvelle unité pédagogique jusqu’en 1969, date à laquelle Paul Quintrand et Roger Dabat y initient une recherche liée à la pédagogie en créant les premiers groupes de recherche. Une sorte de glissement s’opère à l’époque, les deux nouveaux enseignants transférant à l’Unité pédagogique d’architecture de Luminy les trois structures associatives créées en 1964 et 1965 (UPAU, GAMU, IMU) pour les transformer en structures de recherche. À partir de 1969, Quintrand poursuit ses travaux autour de la question de la rationalisation de la conception au sein du Groupe d’études pour l’application des méthodes scientifiques à l’architecture et à l’urbanisme (GAMSAU). Dans le prolongement de l’étude sur le caractère méditerranéen à laquelle avait contribué le GAMU, Roger Dabat fonde, toujours en 1969, le Groupe ambiances bioclimatiques (ABC) dont l’approche scientifique investit les facteurs liés à l’ambiance et à l’environnement de l’architecture méditerranéenne. Deux ans plus tard, la pluridisciplinarité se trouve, quant à elle, au cœur du Groupe architecture, espace et société (GAES), également créé par Dabat et des sociologues, dont Claude Prelorenzo, qui étudie les processus sociaux d’appropriation de l’architecture. Ces trois laboratoires historiques de l’école d’architecture de Marseille sont les ancêtres des laboratoires actuels : le MAP-GAMSAU, Project[s] et INAMA. En 1976, alors que la disparition des UPAU est en discussion, André Liotard, président du CLUPAU, revient sur le déclin de ces organismes à partir de 1968, qu’il relie au fait que les principaux animateurs des UPAU ont pris des responsabilités dans l’enseignement de l’architecture après 1968. À Marseille, en tout cas, le transfert des contenus, des idées et des hommes entre l’UPAU et l’UPAM est manifeste.

Fig. 6. Présentation des activités de l’année 1971-1972 coordonnées par l’UPAU Provence-Côte d’Azur-Languedoc-Roussillon extraite de la revue Prado, n°7, 1971
Si la création des universités permanentes est bien une démarche fédératrice promue par la profession, son caractère régional est source de pluralité, hypothèse que confirme notre incursion dans l’histoire des UPAU Rhône Alpes et Provence-Côte d’Azur-Landuedoc-Roussillon. Au-delà de cette exploration limitée, une investigation d’ensemble consacrée à « l’esprit UPAU »[55] permettrait certainement de le replacer davantage dans un triple mouvement. Le premier, en faveur de la pluridisciplinarité, est incarné dans les années 1960 par le regroupement d’ateliers d’architecture et d’urbanisme prônant le travail en commun dont l’atelier collectif de l’AUA est l’un des plus éminents exemples[56]. Un second mouvement concerne le droit à la formation tout au long de la vie que la révision du cadre institutionnel a introduit par le vote de la loi du 16 juillet 1971 sur « la formation professionnelle continue dans le cadre de l’éducation permanente »[57]. Enfin, un troisième mouvement repose sur l’essor de la profession d’urbaniste, avec la création du corps des urbanistes de l’État en 1962 et la structuration de l’enseignement de cette discipline, qui aboutit à la création des Instituts d’urbanisme en province, les premiers en 1969 étant ceux de Grenoble et d’Aix-en-Provence. Le phénomène des UPAU au mitan des années 1960 s’inscrit ainsi dans plusieurs courants de fond qui interrogent la structuration de la profession et animent les réflexions autour de l’actualisation du métier d’architecte, en repensant outils et méthodes de travail pour améliorer l’efficacité et les compétences des professionnels en activité.
[1] Se référer notamment aux articles de : BONILLO Jean-Lucien et MARANTZ Éléonore, « Paul Quintrand, architecte. Une expérimentation entre recherche et projet », Colonnes, n° 1 (hors-série), décembre 2014, p. 4-6 ; BONILLO Jean-Lucien, « Le Rôle de Paul Quintrand dans la réforme des structures académiques », Colonnes, n° 1 (hors-série), décembre 2014, p. 19-25 ; MARANTZ Éléonore, « Les Ateliers d’été d’Aix-en-Provence (1965-1968) : un laboratoire pour la pédagogie de l’architecture », in MANIAQUE Caroline (dir.), Les Années 68 et la formation des architectes, Rouen, Points de vue, 2018, p. 142-155, ainsi que son intervention « La Formation continue des architectes. Les ateliers d’été d’architecture de l’UPAU (Université permanente d’architecture et d’urbanisme) », Enseigner l’invention et la création dans les arts et les techniques, Séminaire du Labex « Créations, arts, patrimoines », Paris, INHA, 18 septembre 2014, organisé par LAMBERT Guy, MARANTZ Éléonore, NÈGRE Valérie, PODZEMSKAIA Nadia et THIBAULT Estelle ; et QUINTRAND Paul, « La Création de la recherche architecturale à l’École d’architecture de Marseille », Carnet de recherches du Comité d’histoire du ministère de la Culture sur les politiques, les institutions et les pratiques culturelles, mai 2019 [en ligne]. Disponible sur : https://chmcc.hypotheses.org/8813 (consulté le 23 février 2022).
[2] MARANTZ Éléonore, « Les Ateliers d’été d’Aix-en-Provence (1965-1968) : un laboratoire pour la pédagogie de l’architecture », op. cit., p. 142-155.
[3] Notre travail repose sur la mise à jour de sources avec, à l’échelle locale, les fonds des architectes André Liotard aux Archives départementales du Var et Roger Dabat aux Archives départementales des Bouches-du-Rhône et avec, à l’échelle nationale, les fonds de l’Association pour les espaces naturels (ASPEN) et de la Direction de l’aménagement foncier et de l’urbanisme aux Archives nationales.
[4] La structuration de ces disciplines s’organise également au moyen de l’enseignement du paysage et de l’urbanisme. En ce qui concerne l’enseignement du paysage, voir en particulier : DONNADIEU Pierre, « L’Enseignement de la Section du paysage et de l’art des jardins : la renaissance (1956-1968) », Topia, juillet 2018 [en ligne]. Disponible sur https://topia.fr/2018/07/04/lenseignement-de-la-section-du-paysage-et-de-lart-des-jardins/ (consulté le 24 février 2022) ; et DONNADIEU Pierre, « Le Premier projet d’Institut du paysage à Versailles (1965-1971) ou la promesse de l’aube… », Topia, mai 2018 [en ligne]. Disponible sur : https://topia.fr/2018/05/28/7180/ (consulté le 24 février 2022). Pour l’enseignement de l’urbanisme se référer notamment aux travaux suivants : DIENER Amandine, « De l’École des beaux-arts aux instituts d’urbanisme. Repenser l’enseignement par l’atelier au sein du Séminaire et atelier Tony Garnier (SATG), 1961-1974 », EnsArchi, 2020 [en ligne]. Disponible sur : https://ensarchi.hypotheses.org/1449(consulté le 24 février 2022) ; et DIENER Amandine, « L’Enseignement d’André Gutton. Une démarche construite entre l’Institut d’urbanisme de l’université de Paris et l’École des beaux-arts (1921-1974) », Carnet de recherches du Comité d’histoire du ministère de la Culture sur les politiques, les institutions et les pratiques culturelles, 2020 [en ligne]. Disponible sur : https://chmcc.hypotheses.org/10838 (consulté le 24 février 2022).
[5] DAMERON Michel, « L’Université permanente d’architecture et d’urbanisme », Revue des architectes de province, n° 62, juin 1965, p. 19-20.
[6] Ibid., p. 19-20.
[7] Liaison entre universités permanentes et syndicats d’architectes, note tapuscrite, n.d., AD 83, fonds Liotard, 25J32, dossier « UPAU Rhône-Alpes. Colloque, comité de liaison : programme, plaquette, charte, correspondance ».
[8] Ibid., n.p.
[9] « Propos sur l’éducation permanente : les Universités permanentes d’architecture et d’urbanisme et les organismes à vocations analogues (RAUC et GEPA) », Bulletin du Comité de liaisons et de coordination des UPAU, n° 4, octobre 1970, p. 1-20, AN, 19930521/82, dossier « Universités permanentes d’architecture ».
[10] Listes des 14 universités permanentes d’architecture et d’urbanisme régionales, juin 1973, AD 83, fonds Liotard, 25J41, dossier « CLUPAU : convocations, programmes, rapport financier, documentation et correspondance ».
[11] Cette concordance concerne les UP de Bordeaux, Clermont-Ferrand, Grenoble, Lille, Marseille, Nancy, Paris, Rennes, Rouen, Strasbourg et Toulouse.
[12] Statuts de l’Université permanente d’architecture et d’urbanisme, article 2, n.d. AD 83, fonds Liotard, 25J32, dossier « UPAU Rhône-Alpes. Colloque, comité de liaison : programme, plaquette, charte, correspondance ».
[13] Statuts de l’Université permanente d’architecture et d’urbanisme, article 5, n.d. AD 83, fonds Liotard, 25J32, dossier « UPAU Rhône-Alpes. Colloque, comité de liaison : programme, plaquette, charte, correspondance ».
[14] Journal officiel de la République française, 2 décembre 1966, p. 10575.
[15] C’est le cas notamment de Maurice Blanc qui est élu conseiller municipal délégué aux études et développement de la ville de Grenoble entre 1965 et 1971 lors de la première mandature d’Hubert Dubedout.
[16] QUINTRAND Paul, « Les Universités permanentes d’architecture et d’urbanisme en 1966 : la formation permanente des architectes », communication au colloque Architecture, architectes, Paris, Institut français d’architecture, 8-10 octobre 1981, p. 4, Archives Paul Quintrand.
[17] Unité du corps des bâtisseurs, colloque organisé par l’Université permanente des architectes Rhône-Alpes le 28 mai 1963 à Sassenage, p. 6, AMMG, fonds École des beaux-arts, carton 42 (cote provisoire).
[18] Sur la figure de Maurice Blanc (1924-1988) se référer à l’article de CHALJUB Bénédicte, « Maurice Blanc, moderne grenoblois », AMC, n° 290, octobre 2020, p. 61-67.
[19] « L’Université permanente des architectes de la région Rhône-Alpes », plaquette, 1964, n.p., AD 83, fonds Liotard, 25J32, dossier « UPAU Rhône-Alpes. Colloque, comité de liaison : programme, plaquette, charte, correspondance ».
[20] Journal officiel de la République française, 17 juin 1964, p. 5263.
[21] Journal officiel de la République française, 8 décembre 1966, p. 10784.
[22] DUPAIGNE Jacques, « Les Universités permanentes d’architecture et d’urbanisme », note tapuscrite, n.d., AN, 19930521/82, dossier « Universités permanentes d’architecture ».
[23] « L’Université permanente des architectes de la région Rhône-Alpes », op. cit., n.p.
[24] Ibid., n.p.
[25] DUPAIGNE Jacques, « Les Universités permanentes d’architecture et d’urbanisme », op. cit., n.p.
[26] Note tapuscrite de l’Université permanente des bâtisseurs de la région Rhône-Alpes, 15 mars 1965, AN, 20010135/71, dossier « Architecture, architectes et ateliers d’aménagement ».
[27] Ce bureau est constitué de Maurice Blanc, architecte (Grenoble), président ; Henri Hubsch, maître d’ouvrage (Lyon), vice-président ; Lucien Quentin, ingénieur (Chambéry), secrétaire ; Édouard Blanc, entrepreneur (Grenoble), trésorier ; Philippe Mouterde, coordonnateur (Lyon), membre ; Jean Vigne, industriel, administrateur de société et président de la Fédération des Tuiles et briques (Grenoble) ; Pierre Coquard, secrétaire général permanent (Grenoble). Cf. Note tapuscrite de l’Université permanente des bâtisseurs de la région Rhône-Alpes, 15 mars 1965, AN, 20010135/71, dossier « Architecture, architectes et ateliers d’aménagement ».
[28] « L’Université permanente des architectes de la région Rhône-Alpes », op. cit., n.p.
[29] Architecte conseil et université permanente, book du Groupe d’études permanent administration université permanente (GEPAUP) de l’Isère émanant de l’UPA Rhône-Alpes, n.d., Centre d’archives d’architecture contemporaine, fonds DAU, 133 IFA 1028/2.
[30] Courrier de Pierre Jomain adressé à 18 confrères de la région Rhône-Alpes, 4 avril 1966, AD 83, fonds Liotard, 25J32, dossier « UPAU Rhône-Alpes. Colloque, comité de liaison : programme, plaquette, charte, correspondance ».
[31] Ces modes d’action diversifiés comprennent : des séances de travail en commun permettant l’étude conjointe de publications telles que la « Chartes d’Athènes » ou le « Plaidoyer pour une organisation rationnelle de l’espace », des interventions orales ou des contributions graphiques lors de manifestations régionales par exemple aux États généraux du tourisme savoyard ou une participation aux études entreprises à l’échelle de la région qui touchent à des sujets tels que la réunification des compétences ou les besoins de l’homme.
[32] Journal officiel de la République française, 3 février 1967, p. 1272.
[33] DUPAIGNE Jacques, « Les Universités permanentes d’architecture et d’urbanisme », op. cit., n.p.
[34] Journal officiel de la République française, 1er novembre 1968, p. 10271.
[35] Stage de formation à la conduite des opérations de bâtiment, 5 mars 1982, AN, 19890031/9, dossier « CREPAUC ».
[36] Compte rendu du stage d’aménagement à Chambéry et dans la vallée des Allues en Tarentaise, 9 juin 1969, AN, 20010135/71, dossier « Université permanente d’architecture et d’urbanisme ».
[37] Les ouvriers qui consolident les galeries dans les mines.
[38] QUINTRAND Paul, « Les Universités permanentes d’architecture et d’urbanisme en 1966 : la formation permanente des architectes », op.cit., p. 2.
[39] Compte rendu des activités du GEPRA, 30 novembre 1964, AD 83, fonds Liotard, 25J43, dossier « GEPRA, Liste des membres, calendrier des réunions, procès-verbaux, documentation et correspondances, 1960-1964 »
[40] Journal officiel de la République française, 7 mars 1965, p. 1886.
[41] Pour un portrait de Paul Quintrand, voir l’article de BONILLO Jean-Lucien, « Le Rôle de Paul Quintrand dans la réforme des structures académiques », op. cit., p. 19-25.
[42] DE ARAUJO Ana bela, « La Conquête de l’école de Marseille dans les années 1960/1970. Jeunes professionnels, syndicat et réforme de l’enseignement au filtre de la revue “Prado Architecture” », Carnet de recherches du Comité d’histoire du ministère de la Culture sur les politiques, les institutions et les pratiques culturelles, mai 2019 [en ligne]. Disponible sur : https://chmcc.hypotheses.org/8823 (consulté le 23 février 2022).
[43] MARANTZ Éléonore, « Les Ateliers d’été d’Aix-en-Provence (1965-1968) : un laboratoire pour la pédagogie de l’architecture », op. cit., p. 142-155.
[44] La première session de recyclage commence au 4e trimestre de l’année 1965, entre septembre et décembre, autour du thème : « organisation fonctionnelle, organisation de l’espace, techniques et moyens ».
[45] Une analyse du positionnement de l’IMU dans le panorama des formations en urbanisme reste encore à construire.
[46] Se référer aux articles de DIENER Amandine, « De l’École des beaux-arts aux instituts d’urbanisme. Repenser l’enseignement par l’atelier au sein du Séminaire et atelier Tony Garnier (SATG), 1961-1974 », op. cit., ainsi que de BUYCK Jennifer, MARTIN Samuel, PRÉVOT Maryvonne et ROMANO Fleur, « Genèse des formations en urbanisme en France : Grenoble un “laboratoire urbain” pas comme les autres ? », Territoire en mouvement : revue de géographie et d’aménagement, n° 39-40, 2018 [en ligne]. Disponible sur : https://journals.openedition.org/tem/4773 (consulté le 21 février 2022).
[47] Voir l’article de René Borruey très explicite sur cette ouverture pédagogique à l’urbanisme au sein de l’UP de Marseille, BORRUEY René, « Enseigner la “grande échelle” à l’école d’architecture de Marseille. Les apports de la recherche ? (séquence 1 : 1967-1980) », Carnet de recherches du Comité d’histoire du ministère de la Culture sur les politiques, les institutions et les pratiques culturelles, mai 2019 [en ligne]. Disponible sur : https://chmcc.hypotheses.org/8955 (consulté le 23 février 2022).
[48] L’Institut méditerranéen de l’urbanisme résonne singulièrement avec le futur Institut méditerranéen de la ville et du territoire (IMVT) qui regroupera à Marseille pour la rentrée universitaire 2023 l’École nationale supérieure d’architecture de Marseille, l’Institut d’urbanisme et d’aménagement régional d’Aix-en-Provence et l’antenne de l’École nationale supérieure de paysage Versailles-Marseille.
[49] QUINTRAND Paul, « La Réforme de l’enseignement de l’architecture », Prado, n° 3, 1967, p. 36-45.
[50] Contrat du ministère de l’Équipement / UPAU n° 70/078, 3 juin 1970, AD 83, fonds Liotard, 25J35, dossier « UPAU : procès-verbaux des réunions, comptes rendus et correspondance ».
[51] Intervention de Roger Dabat le 3 octobre 1970 dans une réunion préparatoire à une éventuelle intervention de l’UPAU au Congrès international des urbanistes les 25-27 octobre 1970, AD 83, fonds Liotard, 25J40, dossier « UPAU : séminaires ».
[52] Lettre de Roger Dabat adressée au président du Syndicat des Bouches-du-Rhône, 19 janvier 1973, AD 83, fonds Liotard, 25J36, dossier « UPAU : relations avec le secrétariat ».
[53] Les quatre projets de recherche soumis sont les suivants : « Interprétation du site et de la situation géographique : recherche appliquée aux pays méditerranéens » (Thème I), « Le centre urbain d’une métropole considéré comme un “générateur d’énergie” et ses vecteurs de transmission » (Thème I), « Théorie et pratique du fonctionnement du centre des agglomérations urbaines » (Thème I) et « Les conditions de satisfaction de l’habitant liées aux possibilités d’appropriation psychologique de l’espace habitable » (Thème IV). Cf. Action concertée “Urbanisation” Ve Plan, dossier de demande de financement de recherche, n.d., p. 2-18, AN, 19830694/5, dossier « UPA Méditerranée ».
[54] BONILLO Jean-Lucien, « Entre autonomie et pluridisciplinarité, la recherche en architecture à la croisée des chemins », Rives méditerranéennes, n° 48, 2014 [en ligne]. Disponible sur : https://journals.openedition.org/rives/4698 (consulté le 9 mars 2022).
[55] Courrier de François Guy à un destinataire anonyme, 28 octobre 1969, AN, 19930521/82, dossier « Universités permanentes d’architecture ».
[56] COHEN Jean-Louis et GROSSMAN Vanessa (dir.), Une architecture de l’engagement : l’AUA (1960-1985), cat. exp., Paris, Cité de l’architecture et du patrimoine, 30 octobre 2015-29 février 2016 [Paris, Carré, 2015].
[57] LICHTENBERGER Yves et MERLE Vincent, « Formation et éducation tout au long de la vie, 1971-2001 : deux réformes, un même défi », Formation Emploi, n° 76, 2001, p. 169-190 ; LICHTENBERGER Yves et MERLE Vincent, « La Formation professionnelle : Pourquoi ? Pour qui ? », Formation Emploi, n° 76, 2001, p. 191-195.